jeudi 19 juin 2008

Plan vert et taxes de poussières

" Car tu es poussière et tu retourneras en poussière "
Si Moïse entendait discourir Stéphane Dion, il croirait revivre. Le chef de l'opposition officielle a présenté aujourd'hui le nouveau contrat environnemental qu'il souhaite établir entre l'état et les pollueurs. Après la création du Groupe TSX (à ne pas confondre avec le gang des BMX), voici qu'entre dans l'arène des marchés mondiaux la bourse du carbone. Vous connaissez? Laissez moi résumer.
La bourse du carbone est un concept qui découle de la signature du protocole de Kyoto en2005, qui visait à contrôler et catalyser la réduction de gaz à effet de serre (GES) à l'échelle mondiale. L'Europe s'est immédiatement doté d'une telle bourse. Les États-Unis, eux qui n'ont pas eux ratifié le protocole, connaissaient déjà le tabac pour en avoir jeter les bases en 2003 avec le CCX, le Chicago Climate Exchange. Contrairement à l'Europe ainsi qu'à leur politique de conscription, les États-Unis optent pour une participation volontaire...
La bourse du carbone est ni plus ni moins que la façon pour des industries et des institutions de négocier le droit d'émettre des GES avec des entités moins polluantes. Par exemple, je produis de l'électricité avec du charbonce qui produit beaucoup de GES (on s'imagine très bien...) La croissance de la consommation est telle qu'il me sera impossible de réduire mes émissions au niveau de 1991 et encore moins d'atteindre l'objectif Kyoto (niveau de 1990 -5,2%). Impensable. Par contre, moi voisin a une usine de pâtes et papiers. Les nouveautés technologiques et le recyclage lui permettent non seulement de réduire ses émissions de GES mais même d'emmagasiner des crédits GES. En plus d'avoir amélioré sa rentabilité, il pourra maintenant me vendre ses crédits et accroître son profit. Pas bête me direz vous.
Pas bête effectivement. En théorie, cette stratégie vise une diminution globale des GAS. Comment diable est-ce possible si une entreprise sur deux réduit ses émissions et que l'autre moitié les augmente? Bien sûr les écolos seront rémunérés pour leur vertue, bien sûr que les gros méchant pollueurs voudra changer ses façons de procéder et augmenter lui aussi sa rentabilité. Le fera-t-il? Et quand? Quand cessera-t-il d'être pollueur? Lorsque son indusrie sera propre ou lorsqu'elle aura les moyens de payer?
Monsieur Dion a un plan vertueux en tête d'engendrer ainsi des économies qui seront redistribuées vers le bon peuple et le concitoyen. 15 milliars redistribués en crédits d'impôts de toutes sortes. Mais quand?
Je n'ai rien contre la vertue, comme je n'ai rien contre la prévention. Dans toutes les sphère de la société, un dollar investit en prévention, peu importe la nature ou le domaine, engendrera des économies pour l'ensemble de la société. Mieux, chaque dollar investit sauve même des vies. C'est un fait recconnu et apprécié de tous mais difficilement mis en application. Pourquoi? Parce que la rentabilité se fait attendre, que les mesures à mettre en place demandent de trop grands sacrifices et parce qu'un manque de vision caractérise notre civilisation de consommateur-jeteur.
Il me reste quand même une drôle de question en tête. Si de poussière je retourne poussière, et de carbone je deviendrai carbone (rien ne se perd, rien ne se cré, hein m'sieur de Lavoisier!), combien d'actions pour ma décompositon à la bourse du carbone? Que me rapportera et me motivera à récupérer le verre et le plastique? Est-ce que je devrais vraiment attendre cette bourse pour changer ma voiture pour une plus petite? Dois-je attendre avant même de penser à l'idée de marcher plus souvent? Ou d'éviter d'utiliser des phosphates dans une brassée de blanc?
SVP, dites-moi quand...

mardi 3 juin 2008

Une jungle nommée "Montréal"

Début juin, l'été sait se faire attendre. Qu'importe la grisaille et les orages lorsque le travail s'acharne `occuper le temps qui passe. Je suis posté à Montréal en ce moment, en transit, de garde dans l'appart de mes amis. Ils sont en voyage et m'ont laissé la place, les plante et Sacha La Chatte. Sacha et moi n'avons pas encore créé une relation de confiance. Elle ne me laisse l'approcher que pour la nourrir ou la sortir. Une fois dehors, elle s'éloigne avec la satisfaction de pouvoir angoisser par sa longue absence le remplaçant de ses maîtres. Ah ces chats!

Il ne reste que quelques jours avant le Grand prix de Formule 1 de Montréal et la ville s'active. Ce sera le départ d'une autre année garnie de festivals de toutes sortes. Les commerçants font le ménage du trottoir pour recevoir la visite, les entreprises affichent leurs couleurs et exposent des bolides commandités. Les femmes sont belles, les maris s'en réjouissent...

Il ne m'a pas été donné souvent de vivre comme un montréalais, de penser comme lui, d'agir comme lui. La vraie routine galvaudée du métro-boulot-dodo prends tout son sens ici. Je suis incapable d'arracher ne serait-ce qu'un mot ou un sourire aux quidams que je rencontre. J'ai beau les interpeller, les forcer à entrer en interaction, rien n'y fait; ils n'ont d'yeux que pour le vide moite et lugubre du tunnel qui défile ou la revue qu'ils survolent. MP3 à l'oreille, je dois apparaître comme un imbécile heureux de sourire pour rien. Car c'est ce que je fais. Je souris pour rien, pour faire exprès en fait. C'est un test qui jusqu'ici n'a rapporté aucune dividende. Personne ne m'a retourné un sourire, c'est tout dire.

Il n'y a pas un mot dans le métro le matin, ni le soir d'ailleurs. La foule se transforme au gré des stations à la façon des érables en automne. Toujours un peu plus coloré au nord. Cette masse opaque bouge comme une vague, une chaîne de montage ne pourrait être mieux réglée. Chacun à sa place, dans son espace restreint entre un poteau,un banc et une porte. On se frôle sans se toucher et surtout, sans le vouloir. On me se scrute à regards détournés, on m'ignore en même temps qu'on m'analyse.

Et moi j'erre ça et là. Je découvre des artères bondées, des ruelles abandonnées et des boutiques guindées. Je trouverai peut-être quelqu'un de sympathique à ma cause qui daignera me saluer anonymement dans la foule sans trop se préoccuper de comprendre mes motivations ou s'inquiéter queje braque son domicile. C'est à suivre!